Le Sahel, vaste bande semi-aride s’étendant sur plus de 5 000 km de l’Atlantique à la Mer Rouge, est devenu en 2024 l’épicentre d’une reconfiguration géopolitique majeure. Cette région, historiquement marginalisée et confrontée à des défis multidimensionnels, se trouve aujourd’hui au cœur d’un nouveau « Grand Jeu » impliquant puissances mondiales et acteurs régionaux. Les bouleversements politiques récents, notamment les coups d’État successifs au #Mali (2020 et 2021), au #BurkinaFaso (2022), au #Niger (2023) et au #Tchad (2024), ont profondément modifié la dynamique des influences étrangères, créant un paysage complexe où les alliances traditionnelles sont remises en question et de nouvelles puissances émergentSection 1 : Le déclin de l’influence occidentale — La #France : la fin d’une ère d’influence postcoloniale La France, longtemps considérée comme l’acteur dominant au Sahel, a connu un recul spectaculaire et largement contraint. Ce retrait marque la fin d’une ère d’influence postcoloniale qui avait perduré depuis les indépendances des années 1960, remettant en question des décennies de politique étrangère française en #Afrique. L’opération #Barkhane, lancée en 2014 comme le fer de lance de la lutte antiterroriste française au Sahel, a mobilisé jusqu’à 5 100 soldats à son apogée. Son démantèlement forcé en 2023 symbolise l’échec de la stratégie militaire française dans la région. Le retrait s’est opéré en plusieurs étapes, chacune marquant une rupture significative dans les relations franco-sahéliennes : – Au Mali en 2022 : Le retrait a été précipité par des tensions croissantes avec la junte au pouvoir, accusant la France d’ingérence et de néocolonialisme. – Au Burkina Faso en 2023 : L’expulsion des forces spéciales françaises par le gouvernement de transition a marqué une rupture brutale avec un pays autrefois considéré comme un allié stable. – Au Niger en 2023 : Le départ contraint des 1 500 derniers soldats français a marqué la fin effective de l’opération Barkhane. Ce recul ne se limite pas à l’aspect #militaire. La France a dû fermer plusieurs ambassades, réduire drastiquement son personnel diplomatique et suspendre une partie importante de son aide au développement. Le gel de 470 millions d’euros d’aide au Mali en 2022 illustre la profondeur de la rupture entre #Paris et ses anciens alliés sahéliens. La France tente désormais de repositionner son influence vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme le #Sénégal, la #Côte_d_Ivoire et le Bénin. Cette nouvelle stratégie, baptisée « stratégie de l’arc côtier », vise à maintenir une présence régionale tout en réduisant l’exposition militaire directe. Section 2 : Les #États_Unis : un retrait stratégique contesté et une influence réinventée Les États-Unis, bien que moins visiblement engagés que la France, ont également connu un recul significatif de leur présence au Sahel. Initialement présenté comme un « repositionnement stratégique », ce retrait s’est avéré largement forcé par les nouvelles réalités politiques de la région. La fermeture de la base de drones près d’#Agadez au Niger symbolise ce recul. Cette installation, construite pour 110 millions de dollars et opérationnelle depuis 2019, était un pilier de la stratégie antiterroriste américaine dans la région. Sa fermeture forcée en 2023, suite au coup d’État au Niger, a considérablement réduit les capacités de surveillance et de renseignement des États-Unis au Sahel. #Washington a dû réduire significativement sa présence militaire directe, retirant la majorité des 1 000 #soldats américains présents dans la région. Les opérations de formation et d’assistance aux forces locales ont été largement suspendues.