RABAT, 28 oct (HORIZONS INSTITUT) – La signature ce lundi à Rabat par le Roi Mohammed VI et Emmanuel Macron d’un « partenariat d’exception renforcé » hisse les relations franco-marocaines au plus haut niveau diplomatique possible. Ce format d’accord, rare dans la pratique diplomatique française, mérite d’être décrypté pour en comprendre la portée et les implications.
Le partenariat d’exception renforcé constitue l’outil diplomatique le plus sophistiqué dont dispose la France pour structurer ses relations bilatérales, en dehors des alliances militaires. Paris n’a signé ce statut qu’à un nombre très restreint de partenaires, parmi lesquels l’Allemagne à travers le Traité d’Aix-la-Chapelle, et l’Inde.
Ce qui distingue ce format d’un simple accord bilatéral classique, c’est d’abord son caractère global et contraignant. L’accord crée une véritable architecture de coopération, avec des mécanismes précis et des obligations réciproques. Les deux pays s’engagent notamment à tenir des sommets annuels au niveau des chefs d’État et de gouvernement, des réunions ministérielles régulières, et à mettre en place des commissions mixtes thématiques permanentes.
Le partenariat définit également un cadre de consultation obligatoire sur les grands enjeux internationaux et régionaux. Les deux parties s’engagent à se coordonner en amont des échéances importantes et à rechercher des positions communes dans les instances internationales. Cette dimension politique est complétée par des coopérations renforcées dans tous les domaines : économie, culture, éducation, sécurité, questions migratoires.
L’objectif de ce format diplomatique est double : sanctuariser la relation bilatérale en la plaçant au-dessus des aléas politiques, et créer un cadre pérenne qui survive aux alternances. Les mécanismes de suivi régulier permettent d’assurer la continuité des engagements et d’éviter les périodes de flottement diplomatique.
Dans le cas franco-marocain, le choix de ce format revêt une signification particulière. Il intervient après plusieurs années de tensions diplomatiques et traduit une volonté partagée de refonder la relation sur des bases plus solides. La signature au plus haut niveau de l’État, entre le Roi et le Président français, renforce encore la portée symbolique de l’accord.
Le partenariat d’exception renforcé représente ainsi une évolution majeure dans la pratique diplomatique contemporaine. Il répond au besoin de structurer des relations bilatérales de plus en plus complexes, qui ne peuvent plus se satisfaire des formats traditionnels d’alliance ou de coopération. Il crée un cadre institutionnel sophistiqué permettant d’approfondir la relation tout en la protégeant des turbulences conjoncturelles.