Par Abdelhakim Yamani
Une rencontre secrète et informelle d’une importance capitale s’est tenue hier lundi 16 décembre à Doha entre le ministre des Affaires étrangères algérien Ahmed Attaf et un influent homme d’affaires libanais, spécialement venu de Beyrouth à la demande expresse du ministre algérien.
Selon une source diplomatique de très haut niveau à Doha, qui a requis un anonymat absolu en raison du caractère hautement sensible de cette information, cette rencontre révèle les manœuvres urgentes et inédites d’Alger pour établir un canal de communication privilégié avec l’ancien président américain Donald Trump.
Le ministre Attaf a spécifiquement sollicité l’organisation d’une rencontre avec Michael Boulos, époux de Tiffany Trump et fils de Massad Boulos, récemment nommé conseiller principal de Trump pour le Moyen-Orient. Cette démarche, jusqu’ici totalement inconnue des observateurs, s’inscrit dans une stratégie diplomatique élaborée visant à établir un contrepoids à l’influence de Jared Kushner, réputé proche du Maroc.
Notre source confirme que pour marquer l’importance exceptionnelle de cette initiative, le ministre algérien a remis à son interlocuteur un cadeau soigneusement choisi, destiné au président Trump, pour « célébrer son élection » soulignant ainsi la volonté de l’Algérie d’établir des relations « privilégiées » avec la future administration Trump.
Cette approche peu diplomatique intervient dans un contexte particulier où les liens familiaux et politiques s’entremêlent. Michael Boulos, qui a épousé Tiffany Trump en 2022, est le fils de Massad Boulos, un homme d’affaires américano-libanais ayant bâti sa fortune dans le commerce automobile au Nigeria. La récente nomination stratégique de Massad Boulos comme conseiller principal de Trump pour le Moyen-Orient renforce la pertinence de cette initiative algérienne, jusqu’ici gardée dans le plus grand secret.
Cette démarche intervient dans un contexte particulièrement tendu pour le pouvoir algérien, qui fait face à des pressions croissantes sur plusieurs fronts. L’inquiétude d’Alger est d’autant plus vive face à la perspective, confirmée par plusieurs sources, d’une administration Trump avec Marco Rubio comme Secrétaire d’État. Dans une lettre récente adressée à Antony Blinken, dont nous avons pu prendre connaissance, le sénateur Rubio a explicitement appelé à des sanctions contre l’Algérie, pointant particulièrement la coopération militaire étroite entre Alger et Moscou. Il a notamment souligné que « l’Algérie figure parmi les quatre premiers acheteurs d’armes russes dans le monde, culminant avec un contrat d’armement de 7 milliards de dollars en 2021 », invoquant l’article 231 de la loi de 2017 sur la lutte contre les adversaires de l’Amérique pour justifier d’éventuelles sanctions.
La nervosité du régime algérien s’explique également par une série de revers diplomatiques majeurs. Au-delà de la chute du régime syrien, allié historique d’Alger, l’Algérie a essuyé des échecs diplomatiques retentissants sur le dossier du Sahara. La multiplication des reconnaissances internationales de la souveraineté marocaine et l’ouverture de consulats étrangers dans les provinces du Sud ont considérablement affaibli la position algérienne. Cette situation s’est encore aggravée avec la reconnaissance historique par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara sous la précédente administration Trump, une position que l’administration Biden n’a pas remise en cause.
Plus inquiétant encore pour le régime, l’Algérie fait face à de sérieuses accusations au niveau international, notamment après la publication récente d’un rapport accablant du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU. Ce document, rendu public le 13 décembre 2024, détaille des cas de torture et de détention arbitraire, notamment celui de Mohamed Riahi, un militant de 40 ans, soulevant de vives préoccupations au sein de la communauté internationale.
Dans ce contexte d’isolement croissant, la démarche algérienne auprès de l’entourage de Trump, que nous révélons aujourd’hui en exclusivité, apparaît comme une tentative désespérée de sécuriser un canal de communication direct avec une potentielle future administration américaine, dans l’espoir d’atténuer les pressions internationales croissantes sur le régime.