- Abdelhakim Yamani, Pdt de l’Institut géopolitique Horizons, l’IGH
La situation de la MINURSO au Sahara occidental, telle qu’exposée dans le briefing d’Alexander Ivanko au Conseil de Sécurité, met en lumière une dynamique géopolitique complexe, révélant les défis persistants de ce conflit interminable. L’asymétrie marquée entre l’attitude du Front Polisario et celle du Royaume du Maroc envers la mission onusienne constitue le cœur de ces enjeux.
Le contraste dans la coopération avec la MINURSO est saisissant. Le Maroc accorde une liberté de mouvement relativement large à l’ouest du mur de sable, permettant ainsi des patrouilles terrestres et des reconnaissances aériennes. Les autorités marocaines maintiennent un dialogue ouvert avec les hauts responsables de la mission, facilitant leur travail. Cette approche collaborative renforce l’image du Maroc en tant que partenaire fiable et acteur stabilisateur dans la région.
À l’opposé, le Front Polisario impose des restrictions importantes aux opérations de la MINURSO à l’est du mur de sable. Les mouvements sont limités à un rayon de 20 kilomètres autour des sites d’équipe, les reconnaissances aériennes sont interdites et les convois terrestres ne sont approuvés que de manière « provisoire et exceptionnelle ». Plus préoccupant encore, les hauts responsables de la MINURSO se voient refuser l’accès aux dirigeants du Polisario à Rabouni, rompant ainsi avec les pratiques antérieures.
L’utilisation de drones par le Polisario
La situation sécuritaire demeure précaire, avec des incidents de tirs et des frappes de drones signalés principalement à l’est du mur. L’utilisation de drones par le Polisario ajoute une nouvelle dimension technologique au conflit, compliquant davantage la tâche de surveillance de la MINURSO et soulevant des questions sur l’équilibre militaire dans la région.
Les défis financiers mentionnés par Ivanko révèlent une autre dimension du problème. Les retards de paiement des États membres et les pénuries de liquidités qui en découlent traduisent probablement une fatigue de la communauté internationale face à un conflit prolongé. Cette situation financière précaire pourrait, à terme, compromettre la capacité de la MINURSO à maintenir sa présence et ses opérations.
Les défis humanitaires demeurent au cœur des préoccupations. Les restrictions de mouvement imposées par le Polisario à l’est du mur compliquent l’évaluation et la réponse aux besoins dans les camps de réfugiés. Cela soulève des questions sur les conditions de vie des populations sahraouies et le rôle de la communauté internationale dans l’assistance humanitaire.
Pour la MINURSO, maintenir son impartialité dans ce contexte asymétrique constitue un défi croissant. La mission doit naviguer entre les contraintes imposées par le Polisario et la coopération offerte par le Maroc, tout en préservant sa crédibilité aux yeux de toutes les parties et de la communauté internationale.
Le processus politique dirigé par l’Envoyé personnel, Staffan de Mistura, se retrouve complexifié par cette situation. L’asymétrie de coopération risque de créer un déséquilibre dans les perceptions et les positions des parties, rendant plus difficile la relance de négociations équilibrées et constructives.
Sur le plan régional, la situation au Sahara occidental continue d’influencer les dynamiques géopolitiques au Maghreb. Les positions divergentes du Maroc et de l’Algérie sur cette question restent un obstacle majeur à l’intégration régionale ainsi qu’à la coopération économique et sécuritaire dans la région. Un avenir incertain pour la MINURSO La situation actuelle de la MINURSO au Sahara occidental illustre les complexités géopolitiques d’un conflit gelé. L’asymétrie de coopération entre le Maroc et le Front Polisario, exacerbée par l’introduction de nouvelles technologies telles que les drones et aggravée par une crise financière, place la mission dans une position délicate. Pour la communauté internationale, le défi consiste à maintenir l’impartialité et l’efficacité de la MINURSO tout en naviguant entre les intérêts divergents des parties, dans un contexte de ressources limitées.