Horizons Institut (Analyse) – 29 oct – La dépêche publiée mardi par l’agence officielle iranienne IRNA constitue une menace à peine voilée envers l’Algérie. Sous couvert d’analyser la visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc, Téhéran adresse un véritable ultimatum à Alger : rejoindre ce que l’Iran appelle « la Résistance islamique » ou être considéré comme un allié de « l’impérialisme occidental« .
Le timing et le ton de cette communication officielle sont révélateurs. En choisissant de publier cette dépêche le jour même de l’arrivée de Macron à Rabat, l’Iran tente d’exercer une pression maximale sur l’Algérie. Le message est clair : la neutralité n’est plus une option.
L’instrumentalisation par Téhéran de sujets sensibles pour l’Algérie est méthodique. L’Iran évoque successivement le Sahara occidental, la cause palestinienne, les relations avec la Russie et la mémoire du colonialisme français. Cette énumération n’est pas fortuite : elle vise à acculer Alger en jouant sur ses points de friction avec Paris.
La mention des BRICS est particulièrement significative. En présentant ce groupe comme « le camp dominé par les tendances anti-Washington et anti-Europe », l’Iran cherche à forcer l’Algérie, candidate à l’adhésion, à radicaliser ses positions. Ce n’est plus une alliance économique qui est proposée mais un engagement idéologique.
La référence appuyée au « régime sioniste » et à la normalisation maroco-israélienne révèle un autre niveau de pression. L’Iran tente de placer l’Algérie dans une position intenable : soit condamner explicitement son voisin marocain, soit apparaître comme complice passif de cette normalisation.
Cette offensive diplomatique iranienne intervient dans un contexte régional tendu. En tentant de polariser le Maghreb entre « résistants » et « alignés », Téhéran poursuit sa stratégie d’expansion de son influence en Afrique du Nord. L’Algérie, avec sa position géostratégique et ses ressources, représente une pièce maîtresse dans ce jeu.
La brutalité de l’approche iranienne est inhabituelle dans les relations inter-étatiques. En publiant cette dépêche via son agence officielle, Téhéran abandonne les subtilités diplomatiques au profit d’une forme de chantage public. Cette méthode traduit soit une confiance excessive dans sa capacité d’influence, soit une forme de précipitation.
Pour l’Algérie, ce message iranien pose un dilemme majeur. Céder à cette pression reviendrait à renoncer à sa traditionnelle politique d’équilibre. La rejeter pourrait exposer le pays à des manœuvres de déstabilisation, l’Iran disposant de leviers d’influence significatifs dans la région.
Cette tentative d’intimidation révèle aussi les limites de la stratégie iranienne. En voulant forcer la main à Alger de manière aussi directe, Téhéran risque de provoquer l’effet inverse : un raidissement algérien face à ce qui s’apparente à une ingérence dans ses choix souverains.
La visite de Macron au Maroc n’est finalement qu’un prétexte. La dépêche de l’IRNA dévoile surtout les ambitions iraniennes de recomposition du Maghreb selon une ligne de fracture idéologique. Une ambition que l’Algérie, forte d’une longue tradition d’indépendance diplomatique, pourrait bien choisir de contrarier.