lundi 9 décembre 2024
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L’Algérie démasquée : Un État voyou aux portes de l’Europe

L’enlèvement spectaculaire du journaliste algérien Hichem Aboud en Espagne, et sa libération in extremis par la Guardia Civil, jettent une lumière crue sur les méthodes employées par le régime algérien pour faire taire ses opposants, même au-delà de ses frontières.

Cet incident, loin d’être isolé, s’inscrit dans une inquiétante série d’opérations clandestines menées par Alger sur le sol européen et africain, faisant écho aux propos menaçants du président algérien Abdelmadjid Tebboune qui, lors d’une rencontre avec la presse algérienne, avait assuré en parlant des opposants algériens à l’étranger, notamment en France : « ils paieront tous ».

Le modus operandi de l’enlèvement d’Aboud – de son arrivée à Barcelone à son transport forcé vers la Costa Calida – rappelle étrangement celui utilisé dans l’affaire Slimane Bouhafs en Tunisie en 2021.

Dans les deux cas, on observe une coordination minutieuse entre des éléments criminels locaux et les services de renseignement algériens, révélant une stratégie bien rodée d’extraterritorialisation de la répression, semblant mettre en application la menace présidentielle.

L’implication avérée des services algériens dans l’affaire Aboud soulève de graves questions sur le respect du droit international par Alger. En effet, mener une opération clandestine sur le sol espagnol constitue non seulement une violation flagrante de la souveraineté d’un État européen, mais aussi une atteinte directe aux principes fondamentaux du droit d’asile et de la protection des réfugiés.

Le choix de l’Espagne comme terrain d’opération n’est probablement pas anodin. Il pourrait s’agir d’un message envoyé par Alger à ses voisins européens, signalant sa détermination à poursuivre ses opposants où qu’ils se trouvent, au mépris des conventions internationales et des relations diplomatiques, une mise en pratique concrète des menaces de Tebboune.

Il est crucial de noter que cette tentative d’enlèvement n’est pas le premier acte hostile visant Hichem Aboud. En effet, le journaliste avait déjà été la cible d’une opération visant à l’assassiner sur le sol français, également orchestrée par les services algériens. Cette affaire, actuellement entre les mains du pôle antiterroriste du parquet de Paris, souligne la persistance et l’audace des actions menées par Alger contre ses opposants en Europe, illustrant une détermination inquiétante à « faire payer » les voix dissidentes.

L’affaire Aboud met en lumière non seulement la vulnérabilité des dissidents et journalistes algériens en exil, mais aussi l’intensité de la répression à l’intérieur même de l’Algérie. Il est devenu tristement courant pour des citoyens algériens d’être incarcérés pour des actes aussi anodins que d’avoir liké un post sur Facebook. Cette répression systématique pousse de nombreux opposants à l’exil, où ils se retrouvent néanmoins poursuivis par le long bras du régime, conformément à la promesse présidentielle.

Face à cette situation, Hichem Aboud envisage de saisir plusieurs instances internationales et onusiennes. Parmi les recours possibles, on peut citer le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le Comité contre la torture, le Groupe de travail sur la détention arbitraire, et le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression. Une plainte pourrait également être déposée auprès de la Cour européenne des droits de l’homme.

Les conséquences potentielles pour l’Algérie de ces actions juridiques internationales pourraient être considérables. Elles pourraient inclure une condamnation internationale, des sanctions diplomatiques, voire économiques, ainsi qu’un isolement accru sur la scène mondiale. De plus, ces procédures pourraient encourager d’autres victimes à se manifester, créant un effet boule de neige dommageable pour la réputation du régime algérien et mettant en lumière l’ampleur de la politique de répression transfrontalière.

La réaction de la communauté internationale à ces événements sera cruciale. L’Union Européenne, en particulier, se trouve face à un dilemme : comment concilier ses intérêts énergétiques et sécuritaires avec l’Algérie tout en défendant fermement les valeurs démocratiques et les droits de l’homme qu’elle prétend incarner ?

La déclaration du président Tebboune ajoute une dimension supplémentaire à ce dilemme, plaçant les autorités européennes face à une menace explicite contre des individus résidant sur leur territoire.

L’incident soulève également des questions sur l’efficacité des services de renseignement européens. Comment une opération d’une telle envergure a-t-elle pu être planifiée et presque exécutée sur le sol espagnol sans être détectée plus tôt ? Cette faille apparente pourrait pousser à un renforcement de la coopération sécuritaire entre les pays européens et leurs partenaires méditerranéens, tout en soulignant l’urgence de protéger les dissidents menacés par le régime algérien.

Enfin, l’affaire Aboud pourrait avoir des répercussions importantes sur la politique intérieure algérienne. En exposant les méthodes du régime à l’international et en mettant en lumière les déclarations menaçantes du président, elle pourrait galvaniser l’opposition et renforcer les mouvements de contestation, tant en Algérie qu’au sein de la diaspora.

L’enlèvement manqué d’Hichem Aboud marque un tournant dans la perception internationale du régime algérien. Il ne s’agit plus simplement d’un problème de politique intérieure, mais d’une question de sécurité internationale et de respect du droit. La réponse de la communauté internationale à cet acte audacieux, couplée aux actions juridiques potentielles d’Aboud, pourrait redéfinir les relations diplomatiques avec Alger et potentiellement catalyser un changement dans la gouvernance du pays. Les propos du président Tebboune ne font que renforcer l’urgence d’une réponse internationale ferme face à cette politique de répression extraterritoriale.

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