ANALYSE
Par Abdelhakim Yamani
En sept minutes à peine, contre les 10 à 13 minutes habituelles, Mohammed VI a livré l’un des discours les plus cinglants sur le dossier du Sahara. Fort d’un bilan interne incontestable, le Souverain a choisi la concision et la fermeté pour répondre, un à un, à tous ceux qui manœuvrent contre les intérêts du Royaume.
Un bilan qui légitime la fermeté
Le Souverain ouvre son discours en établissant trois réalités fondamentales qui légitiment la fermeté de ses réponses :
– L’attachement historique à la marocanité, incarné par la Beia, lien séculaire entre la population saharienne et le Trône
– Les réalisations tangibles sur le terrain : développement économique, sécurité et stabilité des provinces du Sud
– La reconnaissance internationale croissante de la marocanité du Sahara, couronnée par le soutien à l’initiative d’autonomie
Réponse à l’Algérie et au Polisario sur le référendum
Le Souverain balaye d’un revers de main l’obsession référendaire : leur position est « déconnectée du monde réel » et s’accroche « désespérément à des thèses périmées« . Plus incisif encore, il retourne l’argument humanitaire contre eux en dénonçant les « conditions lamentables » des populations « séquestrées« , « humiliées » et « malmenées » dans les camps de Tindouf. Cette réponse frappe doublement : elle souligne l’obsolescence de leur revendication tout en exposant leur responsabilité dans une tragédie humanitaire.
La question de l’accès à l’Atlantique : une réponse magistrale
Face aux ambitions algériennes d’accès à l’Atlantique, héritées de l’ère Boumediène et principalement motivées par l’exploitation du minerai de fer, la réponse royale est d’une subtile fermeté: « nous n’y sommes pas opposés« . Cette ouverture apparente est immédiatement recadrée : c’est le Maroc qui a « été l’artisan d’une initiative internationale » pour l’accès des États du Sahel. Message implicite : l’Algérie peut, comme n’importe quel autre pays de la région, bénéficier d’un accès… sous conditions marocaines.
L’instrumentalisation du dossier démasquée
Aux dirigeants algériens qui utilisent le dossier du Sahara comme diversion, la réponse est particulièrement mordante : leur agitation n’est qu’un « paravent pour couvrir leurs nombreux problèmes domestiques« . Cette formulation dévoile publiquement une stratégie bien connue des observateurs : l’utilisation du dossier saharien pour détourner l’attention des crises internes.
La réponse aux manœuvres juridiques
Aux institutions européennes, particulièrement la CJUE, qui « détournent les aspects juridiques à des fins politiques étriquées« , le message est sans appel : aucun engagement juridique ne se fera au détriment de l’intégrité territoriale du Royaume. Cette position ferme rappelle les limites à ne pas franchir dans l’interprétation juridique des accords.
L’interpellation des Nations Unies
Le discours se conclut par un appel direct à l’ONU pour qu’elle prenne ses responsabilités en tranchant entre deux visions : celle « réaliste et légitime » du Maroc et celle « sclérosée, coupée du monde réel » de ses adversaires. Cette conclusion place l’organisation internationale face à ses responsabilités.
Une nouvelle diplomatie royale
Cette allocution marque un tournant dans la communication sur le dossier du Sahara. Le style direct, presque martial, tranche avec la diplomatie traditionnelle. Chaque adversaire est identifié et reçoit une réponse calibrée, sans ambiguïté. La brièveté même du discours amplifie l’impact de chaque message, traduisant la confiance d’un Maroc qui, fort de ses succès diplomatiques récents et de ses réalisations internes, peut désormais se permettre de démasquer ouvertement les manœuvres de ses adversaires.
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