Le recensement général de la population et de l’habitat du Maroc, prévu du 1er au 30 septembre 2024, s’annonce comme un événement géopolitique majeur dans la région du Maghreb.
Cette opération démographique, en apparence routinière, cristallise les tensions latentes entre le Maroc et l’Algérie, révélant les enjeux complexes de souveraineté territoriale, d’influence régionale et de légitimité internationale qui caractérisent leurs relations.
Au cœur de cette problématique se trouve la question sensible du Sahara occidental. L’inclusion de ce territoire dans le recensement marocain est susceptible d’être interprétée par Alger comme une tentative de Rabat de consolider sa souveraineté de facto sur cette zone contestée.
Cette démarche pourrait exacerber les tensions diplomatiques, l’Algérie étant un soutien historique du Front Polisario et un défenseur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Les zones frontalières entre le Maroc et l’Algérie constituent un autre point focal de cette opération.
Les données recueillies sur la démographie et l’activité économique dans ces régions pourraient avoir des implications significatives sur les politiques de développement territorial et les stratégies de sécurité nationale des deux pays. La cartographie précise des populations transfrontalières pourrait alimenter des débats sur l’identité nationale et les mouvements migratoires, des sujets particulièrement sensibles dans le contexte maghrébin.
Sur le plan de la géopolitique régionale, les résultats du recensement pourraient être servir le Maroc pour renforcer sa position en tant que puissance démographique et économique du Maghreb.
Cette stratégie de soft power pourrait influencer les alignements diplomatiques dans la région, notamment auprès de pays comme la Mauritanie ou la Tunisie, et potentiellement affecter l’équilibre des alliances régionales.
L’opération soulève également des questions sur la gestion des ressources naturelles et le développement économique.
Les données démographiques détaillées pourraient justifier de nouveaux investissements dans certaines régions, renforçant ainsi l’emprise territoriale du Maroc sur des zones parfois contestées. Cela pourrait avoir des répercussions sur les dynamiques économiques transfrontalières et la répartition des ressources dans la région.
Du point de vue de la sécurité régionale, le recensement pourrait fournir des informations cruciales sur les mouvements de population, un enjeu majeur dans le contexte de la lutte contre le terrorisme transfrontalier et la gestion des flux migratoires.
Ces données pourraient influencer les stratégies de sécurité nationale et régionale, avec des implications potentielles sur la coopération ou la compétition sécuritaire entre le Maroc et l’Algérie.
Le recensement marocain de 2024 transcende largement le cadre d’une simple opération statistique nationale. Il s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe où chaque initiative peut être perçue comme un mouvement stratégique dans la rivalité régionale. Les résultats de cette opération et leur interprétation par les différents acteurs pourraient façonner les dynamiques diplomatiques, économiques et sécuritaires du Maghreb dans les années à venir, soulignant ainsi l’intrication profonde entre démographie et géopolitique dans cette région stratégique.