Parce qu’il regroupe quatre des cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU, ce groupe de travail informel pourrait définitivement consacrer la reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, selon Abdelhakim Yamani.
Créé il y a plus de trois décennies pour favoriser une résolution pacifique du conflit entre le Front Polisario et le Maroc, le « Groupe des Amis du Sahara occidental » se trouve-t-il, désormais, en position d’y mettre définitivement un terme et cela en faveur du Maroc ? Cette question se pose avec acuité au moment où les membres du groupe semblent converger vers une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, marquant un tournant décisif dans ce conflit prolongé.
Formé au début des années 1990 à l’initiative de James Baker, alors envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, ce groupe informel réunit cinq pays influents : la France, la Russie, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. Son objectif initial était de soutenir les efforts de l’ONU dans la mise en œuvre d’un plan de règlement prévoyant un référendum d’autodétermination. Cependant, l’évolution de la situation géopolitique et les réalités sur le terrain ont progressivement transformé le rôle et la position du groupe. Aujourd’hui, un consensus sans précédent s’y dessine en faveur de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. La France, les États-Unis et l’Espagne reconnaissent explicitement cette souveraineté, tandis que la Russie et le Royaume-Uni l’admettent implicitement. La composition du groupe, qui réunit quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, lui donne un poids décisif dans l’orientation des décisions onusiennes. Cette influence est renforcée par la position de la Chine, généralement opposée à toute forme de séparatisme, créant ainsi une configuration favorable à une reconnaissance internationale de la souveraineté marocaine.
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L’isolement croissant de l’Algérie, principal soutien du Front Polisario, accentue cette tendance. Son refus persistant de participer aux tables rondes malgré les injonctions du Conseil de sécurité la place en porte-à-faux avec la communauté internationale. Cette posture intransigeante pourrait justifier une action plus décisive du groupe pour clore le conflit sans l’aval algérien, marquant une rupture nette avec l’approche initiale qui visait à inclure toutes les parties. Le groupe dispose désormais des leviers nécessaires pour redéfinir le conflit, le faisant passer d’une question de décolonisation à un différend régional alimenté principalement par l’Algérie. Cette redéfinition pourrait permettre de réorienter le mandat de la Minurso, passant de la préparation d’un référendum à la supervision de l’intégration du Sahara au Maroc.
Capitaliser sur une conjoncture favorable
Les enjeux économiques jouent également un rôle crucial dans cette nouvelle dynamique. La résolution du conflit ouvrirait la voie à des investissements massifs dans la région, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles. Les membres du groupe, conscients de ces opportunités, pourraient accélérer le processus de reconnaissance pour sécuriser leurs intérêts économiques, un aspect qui n’était pas au cœur des préoccupations lors de la création du groupe.
La stabilité régionale, enjeu crucial pour le Sahel et l’Afrique du Nord, constitue un autre argument de poids pour une résolution rapide. Le groupe pourrait présenter la reconnaissance de la souveraineté marocaine comme un facteur de stabilisation, contrant ainsi les arguments en faveur du statu quo. Cette approche marque une évolution significative par rapport à la mission initiale du groupe, qui se concentrait davantage sur l’autodétermination que sur la stabilité régionale.
Cette éventualité d’une résolution en faveur du Maroc se voit considérablement renforcée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, une évolution comparable pourrait se produire au sein de l’Union africaine (UA), où une grande majorité des pays membres pourrait s’aligner sur cette initiative, prononçant ainsi l’exclusion définitive du Polisario de ses rangs. Un tel développement marquerait un changement radical dans la position de l’organisation continentale et isolerait davantage le Front Polisario sur la scène internationale. De plus, il est crucial de noter le nombre important de pays africains et non-africains qui ont ouvert des représentations diplomatiques au Sahara, témoignant ainsi de leur reconnaissance de facto de la souveraineté marocaine sur la région. Cette démarche constitue un signal fort de la communauté internationale en faveur de la position marocaine.
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Par ailleurs, l’appui majoritaire des pays de l’Union européenne au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine proposé par le Royaume du Maroc renforce davantage cette tendance. Cette proposition, considérée comme une solution réaliste et crédible par de nombreux acteurs internationaux, offre une base solide pour une résolution définitive du conflit.
Le « Groupe des Amis du Sahara occidental » semble aujourd’hui positionné comme un potentiel architecte de la fin du conflit en faveur de la souveraineté marocaine. Son évolution depuis sa création reflète les changements profonds dans la géopolitique régionale et mondiale. L’alignement des positions de ses membres, leur influence au Conseil de sécurité, l’isolement de l’Algérie, les enjeux régionaux, une possible évolution au sein de l’UA, l’ouverture de représentations diplomatiques au Sahara, et le soutien de l’UE au plan d’autonomie marocain convergent vers une résolution définitive en faveur du Maroc.
Si le groupe parvient à capitaliser sur cette conjoncture favorable, il pourrait non seulement clore un chapitre douloureux de l’histoire régionale mais aussi ouvrir la voie à une nouvelle ère de stabilité et de développement pour le Sahara occidental et l’ensemble du Maghreb. Ce faisant, il marquerait une transformation radicale de son rôle, passant de facilitateur d’un processus d’autodétermination à artisan d’une solution géopolitique complexe, reflétant ainsi l’évolution des réalités sur le terrain et des intérêts internationaux.