Par Abdelhakim Yamani
La remise au Maroc par la France de 2,5 millions de documents d’archives historiques, à l’occasion de la visite d’État d’Emmanuel Macron, éclaire d’un jour nouveau les « limites véritables » du Royaume évoquées par Mohammed VI dans son discours historique du 6 novembre 2019, lors du 44ème anniversaire de la Marche Verte.
Le démembrement territorial du Maroc par les puissances coloniales constitue une page sombre de son histoire moderne. La France au centre et au sud-est, l’Espagne au nord et au sud, ont progressivement amputé le Royaume de parties substantielles de son territoire historique. Cette partition, opérée à travers différents traités imposés, a créé une configuration territoriale artificielle que ni le peuple ni la monarchie n’ont jamais acceptée.
La reconquête de l’intégrité territoriale s’inscrit dans une remarquable symbiose entre le Trône et le peuple à travers trois règnes. Cette mobilisation nationale constante témoigne de l’ancrage profond de la cause territoriale dans la conscience collective marocaine.
Feu Mohammed V pose dès l’indépendance les bases de cette reconstruction nationale avec la récupération de Tanger en 1956, suivie de Tarfaya en 1958. Chacune de ces étapes suscite d’immenses manifestations populaires, démontrant l’adhésion totale du peuple marocain à cette entreprise de reconstitution territoriale.
Feu Hassan II poursuit cette œuvre avec la récupération de Sidi Ifni en 1969. Son règne est marqué par l’organisation de la Marche Verte en 1975, moment fondateur qui mobilise 350.000 Marocains dans une manifestation pacifique sans précédent. Cette épopée nationale, où hommes et femmes de toutes conditions ont marché côte à côte, illustre parfaitement la fusion entre la volonté royale et l’engagement populaire dans la défense de l’intégrité territoriale.
Sa Majesté Mohammed VI inscrit son action dans cette continuité historique, en menant à son terme le dossier du Sahara occidental marocain. Son règne voit la reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara se concrétiser, portée par une mobilisation populaire constante qui se manifeste aussi bien dans les provinces du Sud que dans le reste du Royaume.
Les archives historiques françaises nouvellement transmises documentent notamment l’histoire des confins du Royaume, révélant l’étendue historique du Maroc avant le tracé artificiel des frontières coloniales qui ont séparé des populations unies par des siècles d’allégeance commune au Sultan.
Cette démarche de reconstitution territoriale s’inscrit dans une vision globale de l’État-nation marocain, où le peuple et le trône agissent comme une seule force. Le Royaume, fort d’une continuité étatique millénaire et d’une cohésion nationale exemplaire, poursuit méthodiquement le recouvrement de son espace historique.
La clôture imminente du dossier du Sahara occidental marocain marque l’aboutissement d’une phase cruciale de ce processus. Elle valide une approche qui allie vision royale et mobilisation populaire, comme en témoignent le développement spectaculaire et l’attachement des populations des provinces du Sud au projet marocain.
Les archives historiques désormais disponibles viennent conforter scientifiquement la légitimité des revendications marocaines. Elles établissent, documents à l’appui, la réalité des frontières historiques du Royaume avant les amputations coloniales. Cette documentation constitue un socle historique inestimable pour la compréhension de la géographie politique précoloniale du Maroc.
Cette quête de l’intégrité territoriale, menée avec détermination par trois souverains successifs et constamment soutenue par le peuple marocain, témoigne d’une cause profondément ancrée dans l’identité nationale. Le succès de cette entreprise historique repose sur cette exceptionnelle unité d’action entre la monarchie et le peuple, qui transcende les générations et les clivages.
Nul doute que cette mission historique se poursuivra avec le futur Hassan III, perpétuant ainsi une constante dynastique qui dépasse les règnes et les générations. Cette transmission du flambeau de la reconstitution territoriale illustre la profondeur de l’engagement de la monarchie alaouite envers l’intégrité du Royaume.
Car au-delà des considérations géostratégiques ou géopolitiques, cette reconstruction territoriale patiente représente avant tout une quête de justice historique. Il s’agit de réparer les amputations imposées par l’ère coloniale et de restaurer une unité millénaire brisée par des tracés artificiels. Cette dimension transcende les simples enjeux de pouvoir pour toucher à l’essence même de l’identité marocaine.
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